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Tout doucement
(Claire Hollier / Claire Hollier)
Travailler dur pour faire du beurre-
'n out à force de trop en faire
tout pour pas voir passer les heures-
ros tombent mais ça va coûter cher-
chez donc où s’est glissée l’err-
eurêka t'as deux jours de ré-
pitoyable retour au boul-
aujourd’hui ça va comme un lun-
dis-moi pourquoi je rentre chez moi-
tié mort les désirs enter-
réconforté que par la té-
les enfants eux sont déjà cou-
j'sais même plus comment tu m’embra-
c’est si loin le temps où par-
laideur de l’amour que l’on négli-
je voudrais tant prendre le temps
De regarder pousser les fleurs, marcher marcher tout doucement
Sentir le temps sans avoir peur, et m’émouvoir d’être vivant
Mais la machine qui se relance
et les factures le prêt la ban
- qui m’a poussé dans cette galè
-répondez moi je voulais partager mes
passions aller voir ailleurs si
le monde tourne r-
on est tombés dans ce vilain piè-
j’ai un crédit et un di-
vampirisé par tous mes é-
cramponné à mon emploi du
tant pis pour ce spectacle affli-
j’en avais pourtant quelques pro-
j’ai mes parents qui deviennent â-
j’ai envie de temps pour eux aussi
-roter de vieux rhums arran-
j’ai beau le dire je prends pas le temps
De regarder pousser les fleurs, marcher marcher tout doucement
Sentir le temps sans avoir peur, et m’émouvoir d’être vivant
Nan mais sans rire à quoi on sert-
ridicule chacun pour sa pomm'-
nivore chaque jour s’empois'
on n’épargne pas même nos pe-
tiraillés entre temps et ar-
j’en achète de la bouffe en plas-
t’y crois toi que c’est bien plus pra-
t’y crois toi que c’est écono-
micro onde à table et au do-
dos-à-dos on s’endort sans par-
lessivés par une journée stupi
d’esservelés c’est la rout-
inanimés toute la sema-
énervés de pas en profi-
terrorisés par le temps qui
passe ton tour tu n’as pas eu le temps
De regarder pousser les fleurs, marcher marcher tout doucement
Sentir le temps sans avoir peur, et m’émouvoir d’être vivant
​
​
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Hugo
(Daniel Ostfeld / Daniel Ostfeld)
​
J' fais pas partie des meubles
je suis plutôt de la famille
même si je me sens seul
le soir quand l'ampoule grésille
ceux qui frappent à ma porte
trouveront l'hospitalité
un verre souvent ça réconforte
avec une tartine de pâté
Et, quand une main m'effleure
je m'éfforce de rendre service
bien qu'on ne m'offre jamais de fleurs
moi qui cède à tous les caprices
j'ai beau être un géant placide
une vraie armoire, un gras du bide
au fond je suis plutôt sensible
ce malgré mon air impassible
​
je suis Hugo
Pas le genre à m'apitoyer
le grand frigo
la chambre froide du foyer
​
​
Je suis l'ami des bon repas
souvent une bouteille d'avance
sans me mêler aux débats
je tiens ma place avec constance
je veille sur le moindre met
on compte sur moi ça va de soi
pour le foie gras ou le sorbet
et on apprécie mon sang froid
Car je sais garder les secrets
et on me fait des confidences
sur les régimes qu'on suit de près
et les petites intolérances
bon camarade je saurai taire
les péchés mignons, les mannies
les p'tites lubies alimentaires
qui vous tiennent éveillées la nuit
je suis Hugo
on apprend à me tutoyer
le grand frigo
la chambre froide du foyer
Quand d'aventure on déménage
si je fais partie du voyage
dans un coma de circonstance
on me déplace avec prudence
avec des gestes pleins d'égards
on me soutient comme un vieillard
un arrêt à chaque étage
il est pas léger mon blindage
et dans un nouveau décorum
je partage mon intimité
avec une cuisinière énorme
qu'a bien envie de papoter
elle m'initie aux saveurs
autres terroirs, autres usages
et me réserve ses faveurs
à l'heure où la maison est sage
Je suis Hugo
ravi de vous ravitailler
le grand frigo
la chambre froide du foyer
Mais parfois quand les temps sont durs
quand la famille est sur la paille
même si je garde ma carrure
je n'ai plus rien dans les entrailles
et pour ces moments de disette
je garde au fond de mes tiroirs
un peu de poisson en barrette
et un bocal d'olives noires
Alors j'attends avec délice
les temps fastes, les grands raouts
qu'enfin mes rayons se remplissent
et qu'on me confie le ragoût
qu'on charge mon bac à glaçons
de vodka russe et de pastis
des vins pétillants de jadis
et qu'on pousse encore la chanson
je suis Hugo
toujours d'humeur à festoyer
le grand frigo
la chambre froide du foyer
​
​
J'attends
(Daniel Ostfeld / Daniel Ostfeld)
​
La ferme n'est pas finie
Il lui manque des tuiles
Depuis au moins cent ans
​
Les arbres qui se plient
Sous le poids de leurs fruits
Les hommes sont aux champs
​
Un jardin trop petit
Le sceau au fond du puits
J'ai voulu voir plus grand
​
Alors en une nuit
J'suis allée voir Paris
J'suis partie en chantant
​
On m'avait dit « Paris
Est plus belle qu'on le dit
Il faut la voir souvent
​
Il faut y faire sont lit
S'y perdre ivre cuit
Se coucher au levant »
​
On m'avait dit « Paris
S'occupera de ta vie
Tu seras son enfant »
​
Et maintenant que j'y suis
Revoilà mon ennui
Et voilà que j'attends....
​
J'attends....mon Ferdinand
Il est parti sergent
Prisonnier maintenant
Et je l'attends
​
Ma vie n'est pas finie
Mais elle se rétrécit
Depuis au moins cent ans
​
Et mes bras se replient
Sans jamais faire de bruit
Car je n'ai pas d'enfant
​
Dans mon nid tout petit
J'ai bien eu un mari
Et plutôt élégant
​
Je le boudais la nuit
Il m'a laissé ici
Avec un peu d'argent
​
On m'a dit « si tu ris
Si tu pleures ta vie
Donne la comme un présent
​
Les malheureux finis
Qui boivent leurs soucis
Apprécieront ton chant
​
Lors j'ai gardé mes cris
Et je chante à minuit
Pour tous ces pauvres gens
​
Qui rincent leur ennui
Dans les bistrots d'Paris
Les guinguettes de Nogent
​
J'attends.....mon Ferdinand
Il était mon amant
Mais le temps prend son temps
Dites moi seulement
Que mon homme est vivant
Et qu'il m'attend
​
​
​
Les mots dela bouche
(Daniel Ostfeld / Daniel Ostfeld)
​
Quand je suis indigné, que la moutarde me monte au nez
quand ça me prend la tête, moi qui l'ait tout près du bonnet
quand je suis hors de moi, comme une oie qui mord les mollets,
quand mon esprit s'enflamme comme s'allument les feux follets
​
Quand je me mets en rogne, que mon front cogne dans mes pognes
quand je vois rouge, quand j'y vois rien, et que la rage me cramponne
quand mes tempes qui claquent fouettent mes nerfs qui craquent
quand tout m'énerve et que j'en crève car mon ulcère me traque
​
Il faudrait que je crie, je crois, oui mais sur qui?
Il faudrait que je hurle, c'est sûr, une formule
des mots tout en pagaille, et que je râle, et que je braille
Il s'agit pas de geindre, de gémir, ou bien je meurs
Il vaut mieux que je gueule, mais pas tout seul, mais pas tout seul
​
Ils font de drôles de bruits les mots dans ma bouche
Ils ont une drôle d'odeur
Ils ont un drôle de goût les mots dans ma bouche
Z'ont de drôles de couleurs les mots de la bouche
​
Quand je suis en colère, et que bourdonnent mes abeilles
quand mon pouls s'accélère, que mon front perle, que je bégaie
que je ne contiens plus toute la fumée de mes oreilles
je fulmine, je furax, j'ai des fourmis dans les orteils
​
Quand la fureur m'égare, que je suis parti, en pétard
le courroux comme un dard me traverse de part en part
quand sorti de mes gonds, je monte sur mes grands chevaux
quand mon esprit s'échauffe et que se dressent mes cheveux
​
Il faut bien que je crie, je crois, oui mais sur qui?
Il faut bien que je hurle, c'est sûr, une formule
des mots que je rugis, que j'injurie la vie
Il s'agit pas de feindre, de frémir, ou bien je meurs
Il vaut mieux que je gueule, mais pas tout seul, mais pas tout seul
​
Ils font de drôles de bruits les mots dans ma bouche
Ils ont une drôle d'odeur
Ils ont un drôle de goût les mots dans ma bouche
Z'ont de drôles de couleurs les mots de la bouche
​
Quand je suis en charpie, farci, que tout est fini
Que mon cerveau HS me laisse enfin à l'agonie
Quand je ne suis plus qu'une flaque qui espère une serpillère
j'attends qu'on passe, qu'on me ramasse à la p'tite cuillère
​
Il y a quelqu'un qui crie, je crois, oui mais c'est qui?
Il y a quelqu'un qui hurle, c'est sûr, une formule
Des mots tout en pagaille, et que ça râle, et qu'ça déraille
Il s'agit pas de craindre, de blêmir, ou bien je meurs
Alors encore je gueule, j'suis pas tout seul, j'suis pas tout seul
​
​
​
​
L'homme à la tête de mule
(Claire Hollier / Claire Hollier)
Y'a des soirs où l'on se perd
A des rues des boulevards
A des années lumière
et nos cœurs en grand écart
​
Les eaux calmes, le tonnerre
Un bras de mer les sépare
Dégénère, bras de fer
Ca déborde trop tard
​
On se cogne au labyrinthe
Comme 2 animaux blessés
Les chemins que l'on emprunte
On s'y enfonce tête baissée
​
Et voilà on s'esquinte
Et sans se regarder
T'es parfait, je suis sainte
Tentons den ous parler
​
C'est l'homme à la tête de mule
La femme qui fait la belle
Le mâle fier et rebelle
Et la fille ridicule
​
Mais chacun de nous se pare
De son plus beau silence
C'est le casse-tête qui repart
Au faubourg des distances
​
On délaisse avec soin
Le cœur le corps du voisin
Chacun sait dans son coin
L'amour qu'il a en moins
L'ambiance est plutôt glacée
La guerre froid est déclarée
Je m'agite je fais du bruit
Je reçois tout son mépris
C'est suis moi, je te fuis
Et puis me revoilà
Dans ma tête je parie
Qu'avant demain c'est fini
​
C'est l'homme à la tête de mule
La femme qui fait la belle
Le mâle fier et rebelle
Et la fille ridicule
​
Un mot de trop et je dérape
Je suis vulgaire la porte claque
Au quart de tour tu me rattrappes
Et ventre à terre la contre-attaque
On se cogne au labyrinthe
Comme 2 animaux blessés
Les chemins que l'on emprunte
On s'y enfonce tête baissée
C'en est trop on se rend
pas trop tôt le drapeau blanc
On s'endort c'est fini
Est ce qu'on en sort grandi ?
Et voilà on s'esquinte
Et sans se regarder
T'es parfait, je suis sainte
Tentons den ous parler
C'est l'homme à la tête de mule
La femme qui fait la belle
Le mâle fier et rebelle
Et la fille ridicule
C'est l'homme à la tête de mule
La femme qui fait la belle
Le mâle fier et rebelle
Et la fille ridicule
L'homme à la tête de mule
La femme qui fait la belle
Le mâle fier et rebelle
Et la fille ridicule
​
​
​
Le grenier
(Daniel Ostfeld / Daniel Ostfeld)
​
Dans le grenier de Bonne-Maman
on avait trouvé un grand sabre
qui nous attendait patiemment
une aubaine pour trois garnements
on a couru derrière les arbres
une aubaine pour trois garnements :
se battre contre les Allemands
Un miracle qu'on ait gardé
Tous nos doigts, cette après-midi-là
On a ramassé quelques claques
Et quelques souvenirs aussi
​
Dans le grenier de Bonne-Maman
On avait trouvé un portrait
Caché entre de vieux vêtements
D'un monsieur qui d'un geste élégant
Fumait devant un cabaret
D'un monsieur qui d'un geste élégant
Mais qui était-il vraiment ?
Sûr que c'était pas grand-père, il était
pas galant pour deux sous
On se rappelle son œil sévère
Et quelques souvenirs aussi
​
Dans le grenier de Bonne-Maman
On avait trouvé une médaille
Et un livret de régiment
Dans une boîte un instrument
En cuivre et tout son attirail
Bien sûr qu'on a soufflé dedans
C'était pas bien joli à entendre
On a joué des chansons paillardes
Jusqu'à réveiller les ancêtres
​
Dans le grenier de Bonne-Maman
Y avait aussi de vieilles lettres
Quelques poèmes et un serment
On y parlait de sentiments
D'un enfant qui était à naître
On y parlait de sentiments
Et de la Belle au bois dormant
Et on y parlait aussi de la guerre
De l'odeur du sang des copains
Du sommeil qui ne veut pas venir
Et d'autres souvenirs aussi
​
Dans le grenier de Bonne-Maman
On s'est fait prendre la main dans le sac
Et que je meure si je mens
Grand-mère a dit en refermant
La porte de son bric-à-brac
Grand-mère a dit en refermant :
« Je voudrais à mon enterrement
Emporter avec moi toutes ces reliques
Quand on m' couchera sous la terre
Aux côtés de votre grand-père
Ce sera pour me souvenir
​
​
​
Paris
(Claire Hollier / Claire Hollier)
A Paris sur mon beau vélo
Défilent les rues mieux qu’en métro
Il faut un bon coup de pédale
Pour faire le tour d’la capitale
​
Ca f’sait un bail et de mes yeux
De provinciale je te vois mieux
Place Léon Blum, prêt feu partez
Pouet pouet atchoum, t’as pas changé
​
Rue d’la Roquette Ménilmontant
Le Père Lachaise c’est d’l’entraînement
Et plus tu montes plus les visages
Laissent entrevoir le grand voyage
​
Paris... C’est fini
J’repasse juste Pour te dire
Merci Et aussi...
Va t’faire foutre
Rue de Belleville je suis cernée
Ça brasse autour de mon pousse-pousse
Gauche droite, je tente une échappée
Pour l’ascension des Pyrénées
​
De l’effervescence au silence
Il n’y a qu’une impasse en pente douce
Un oiseau chante, le chat le tance
Un ange passe un enfant tousse
​
Les pieds en l’air vas y tout schuss
Les pieds sur terre, après on pousse
La gorge sèche, les montagnes russes
Viser Jaurès, grillant les bus
​
Paris... C’est fini
J’repasse juste pour te dire
Merci et aussi...
Va t’faire foutre
​
A Rochechouart c’est le marché
Défile un tableau coloré
Boulevard Bèsbar on pagaye
Entre les figues et les papayes
​
Une pause pour un thé chez Fatou
Ton thé t’a-t-il ôté ta toux
Rechargées à bloc les batteries
Pour un crochet par chez Tati
​
D’Anvers aux Abesses des artistes
Dansent sur la tête pour les touristes
Plus un mégot sur le pavés
Et en route vers la Trinité
​
Paris... C’est fini
J’repasse juste Pour te dire
Merci Et aussi...
Va t’faire voir
Les Grands Boulevards aux grands trottoirs,
Les grands cinés, le grand Garnier
L’avenue plonge dans le Sentier
Mon bicross danse sur les pavés
​
J’prends la tangente rue des Rosiers
Guidée par mon ventre affamé
Un Fallafel à emporter
Et Cap sur l’île de la Cité
A l’abordage l’île aux trésors
Cité musée, si t’es blindé
La vie en or, si t’es fauché
T’es enfermé, à clé dehors
​
Paris... C’est fini
J’repasse juste Pour te dire
Merci Et aussi...
​
Sur la rive gauche j’suis maladroite
Presque crevée, le pneu qui gratte
Je repasse mon radeau qui boîte
Sur les 2 bras d’une Seine étroite
​
J’aperçois la Bastille au loin
Accélère et grille avec soin
Les derniers feux marquant la fin
De ma visite aux lutéciens
​
Ils accélèrent, je ralentis
Tous des géants, je rétrécis
On me piétine ils veulent ma mort
Ok Paris c’est toi l’plus fort
​
​Adieu Paris je plie bagages
J’ai scié les barreaux de ta cage
Comme je respire à l’air du large
Adieu belle île de France sauvage
​
​